En passant par le net, mars 2011

(rubrique du numéro de mars 2011 de la revue Musique Bretonne, éditée par l’association Dastum)

En passant par internet…

… on y trouve un signe réjouissant du retour en grâce probable de la musique bretonne. Comme on pouvait s’y attendre, la crise économique des années 2010 (comme celles des années 1970 et 1990) s’accompagne d’un regain d’intérêt pour les festoù-noz et autres expressions supposées plus authentiques que la modernité qui, damned, s’est encore pris les pieds dans le tapis. Les suiveurs de la mode parisienne devraient donc à nouveau retourner leur veste culturelle et trouver que oui, c’est fou, cette culture si enracinée, comme elle est sexy. Elle était pourtant du dernier ringard il y a encore quelques mois… Au risque de passer pour le Brice de Nice du fest-noz, je ne peux m’empêcher d’arborer un début de sourire plein d’espoir : la prochaine vague est pour bientôt ! Signe avant-coureur, l’émission de musique branchée d’Arte (Tracks) a consacré de longues minutes à l’un des principaux groupes de fest-noz de cette fin « d’hiver décennal breizhou » : Plantec.
(http://www.youtube.com/watch?v=dPhLLEhGkwk)

… on y trouve de la solidarité entre professionnels d’une musique très majoritairement non-professionnelle, la musique qui s’invente et se transmet encore aujourd’hui à partir des échos de cultures populaires rurales passées, qu’on qualifie parfois du nom de la région concernée, parfois de l’adjectif « traditionnel ». Tous ceux qui, tirant ou non leurs revenus de leur musique, nourrissent leurs pratiques des apports des musicales locales et artisanales d’ici et d’ailleurs trouveront dans les archives du site du CPMDT des contributions de musiciens passionnés et passionnants.
(http://www.cpmdt.fr)

… on y trouve des échanges pleins d’énergie entre passionnés de musique bretonne, tant musiciens que danseurs. Sur un forum de Tamm-Kreiz, un contributeur a lancé le débat sur les limites de l’innovation en musique traditionnelle. On pourrait soupirer et se dire, blasé, que la question a été mille fois débattue, qu’on ne va pas passer notre temps à ressasser les mêmes idées, mais en fait pourquoi pas ? Questionner et nourrir la pratique par la théorie, faire fi des hiérarchies instituées et favoriser les échanges entre des personnes que beaucoup sépare (niveaux de notoriété, de capital scolaire, générations,…) : un forum comme celui-ci réalise en partie l’idéal des mouvements d’éducation populaire.
(http://www.tamm-kreiz.com/forum/viewforum.php?f=1 puis aller dans le fil de discussion : « Innovation : jusqu’ou ? »)

… on y trouve, pour ramener la notion de race à sa juste dimension de fumisterie stupide, une version déjantée de la célèbre encyclopédie collaborative Wikipedia. L’article « bretons » est ainsi un petit pied de nez bienvenu à une bruyante minorité xenophobe qui, parfois tout en soufflant dans des instruments « celtiques » (ou supposés tels), brament leur peur de l’autre et, par là-même, le peu de confiance qu’ils ont en leur culture.
(http://desencyclopedie.wikia.com/wiki/Bretons)

Térez Gueric

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